Erreur ou faute ?

Faire erreur, c’est se tromper dans un calcul, une appréciation, un raisonnement ou un jugement, mais sans intention. L’erreur, du verbe errare, révèle errance, méprise involontaire ou ignorance du vrai, imputables à une insuffisance temporaire de connaissance. C’est d’ailleurs ce qui la rend « humaine » ; en effet, ne se trompe que celui qui cherche la vérité. L’erreur est une « idée incomplète » selon Spinoza et ressortit à un processus cognitif en gésine.

Faire erreur, c’est se tromper dans un calcul, une appréciation, un raisonnement ou un jugement, mais sans intention. L’erreur, du verbe errare, révèle errance, méprise involontaire ou ignorance du vrai, imputables à une insuffisance temporaire de connaissance. C’est d’ailleurs ce qui la rend « humaine » ; en effet, ne se trompe que celui qui cherche la vérité. L’erreur est une « idée incomplète » selon Spinoza et ressortit à un processus cognitif en gésine.
 
Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie.Pierre Dac
 
En revanche, sa fraction de vérité revêt une positivité pédagogique, au point qu’elle peut favoriser une avancée majeure pour l’humanité, comme Christophe Colomb découvrant les Bahamas en cherchant la route des Indes pour rejoindre l’Asie. L’erreur est donc une connaissance nomade en quête du verum index sui (le vrai avec sa propre marque).
 
Pour Descartes, elle résulte de notre incapacité à contenir notre volonté (laquelle conçoit et juge) dans les limites de notre entendement (nos facultés intellectuelles d’appréhension et d’analyse).
 
Spinoza donne l’exemple de la liberté et affirme que les « hommes se croient libres parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent », ou que lorsque « nous regardons le soleil, nous l’imaginons distant d’environ 200 pieds ». Dans ce dernier cas, l’erreur n’est alors pas l’impression de nos sens qui perçoivent un gros ballon jaune à proximité, mais consisterait à prendre cette impression visuelle pour la distance réelle du soleil, alors qu’il est éloigné de la Terre de près de 150 millions de kilomètres.
 
Une erreur ne devient une faute que si l’on refuse de la corriger.John Fitzgerald Kennedy
 
Son étymologie falsus éclaire l’acception de la faute, laquelle induit l’action de manquer, faillir ou tromper et instille l’idée d’une erreur volontaire aux conséquences fâcheuses. Elle est donc moralement connotée et implique la responsabilité de son auteur (qui n’aurait pas dû). Au demeurant, fort de notre bienveillance centripète, ce qui est erreur pour soi, bascule aisément en faute chez autrui.
 
L’usage veut que l’on commette une « faute d’orthographe » mais une « erreur de calcul », la seconde bénéficiant sans doute du crédit de l’involontaire ou de la distraction bénigne. Curieusement la langue française nomme « faute » d’étourderie ou d’inattention, ce qui en réalité est une « erreur ». De même, on peut être « en faute » mais non « en erreur » ou inversement « dans » l’erreur et non « dans » la faute.
 
Faute avouée, à moitié pardonnée
 
Ces nuances lexicales ne sont pas anodines. L’emploi de prépositions différentes souligne que là où l’erreur est perçue comme extérieure, la faute, toujours stérile, inspire culpabilité ou douleur, au point d’imiter dans la vie profane, ce que le pêché est à la vie religieuse.

D’ailleurs la première s’exploite, alors que la seconde s’expie…
 
Jacques Varoclier