Tout comme le poisson ne prête pas attention à l’eau dans laquelle il se meut, nous baignons dans nos représentations ; l’énaction est un processus selon lequel nous structurons nos réalités et élargissons notre champ des possibles.
Inspiré par Merleau-Ponty, ce concept est apparu avec Francisco Varela, neurobiologiste, spécialiste en sciences cognitives pour décrire le phénomène de la réorganisation des acquis à chaque étape de notre développement cognitif par l’expérience.
Varela a élaboré dans les années 1970 le concept « d’autopoïèse » pour caractériser la faculté d’autoconservation individuelle des systèmes vivants à partir de leur propre autonomie organisationnelle. Ainsi analysée, la racine biologique de la cognition s’interprète comme une émergence née de la rencontre d’un organisme et de son environnement.
A l’aune de cette conception, le processus d’énaction décrit l’apprentissage par l’action prenant en compte les contraintes de l’environnement ; l’art d’agir devient l’art d’apprendre.
Un tel paradigme induit la naissance du coaching et de la pédagogie qui accompagne son enseignement ; devenir coach est comme apprendre à nager ou faire l’amour, c’est vivre une expérience.
Le coach n’est ni un consultant, ni un enseignant, ni un conseil mais davantage un entraîneur qui éveille aux repères, sensations et suscite le tonus et l’activation de l’énergie nécessaires pour faire face à toutes les situations. Comme le Maître de Philosophie suscite l’auto- émerveillement de Monsieur Jourdain découvrant qu’il pratique la prose, le coach ouvre la conscience de ses clients au processus d’énaction puisqu’il fait de l’expérience vécue, le lieu d’émergence de leur être.
Ainsi, en fonction de nos besoins, nous énactons le monde en l’organisant à notre image, choisissons une option qui ouvre un horizon et en ferme d’autres.
Comme Platon et la maïeutique de Diotima, le coach sait créer les conditions pour qu’une personne découvre en elle-même les freins ou contraintes qui handicapent son développement ou l’empêchent de déployer au mieux ses capacités, alors qu’elle dispose des ressources mais ne parvient pas à les mobiliser.
Le coach exacerbe grâce à l’approche énactive de son travail, cette faculté d’émergence de l’action, favorable au développement de nouveaux comportements. Il révèle le potentiel d’une personne ; il flatte ainsi moins son égo que son « éco », c’est-à-dire son aptitude à s’intégrer à l’environnement. Coacher, c’est accompagner quelqu’un dans la réussite d’une action voulue et qui a donc corrélativement pour limite la volition du succès.
C’est en effet un dialogue entre performance de l’action et construction identitaire du coaché ; le coach cherche à lui faire découvrir ce qui est bon pour lui, l’accompagne vers son autonomie et l’épanouissement de sa véritable singularité pour savoir être, faire et apprendre.