La musique, un curieux phénomène

Une note de musique est par essence orpheline puisque à peine jouée déjà remplacée par une autre. Pourtant, lorsque nous écoutons une œuvre, au lieu d’une succession de notes isolées dénuées d’intérêt musical, nous percevons le mouvement d’une mélodie. L’oreille sait lier les sons isolés qui seraient monotones si elle ne les percevait que dans leur apparition séquentielle ; elle offre ainsi une durée à des fulgurances sonores sinon vouées à l’oubli.

Une note de musique est par essence orpheline puisque à peine jouée, elle est déjà remplacée par une autre. Pourtant, lorsque nous écoutons une œuvre, au lieu d’une succession de notes isolées, dénuées d’intérêt musical, nous percevons le mouvement d’une mélodie. L’oreille sait lier les sons isolés qui seraient monotones si elle ne les percevait que dans leur apparition séquentielle ; elle offre ainsi une durée à des fulgurances sonores sinon vouées à l’oubli.

Edmond Husserl, explique que notre perception tant visuelle qu’auditive est active et instaure un continuum qui donne une épaisseur à l’instant en retenant en dégradé « le tout juste passé » (rétention) et anticipant quelque chose du futur (protention).

Ainsi, la musique est un rapport temporel de sons dont la valeur esthétique nait de ce que ce phénoménologue appelle « l’intentionnalité de la conscience », c’est-à-dire son caractère orienté et actif, apte à suivre l’épitase, ce cheminement du grave vers l’aigu ou du lent vers le rapide, du piano vers le forte.

Elle n’est pas seulement l’Art par excellence, mais aussi une illustration de cette notion philosophique subtile du temps, évoquée par Saint Augustin définissant le présent comme un témoin transmis par le passé au futur et présentant la singularité polysémique de signifier à la fois « maintenant » et « cadeau ».

La musique relie l’individu au reste de l’humanité, touche le cœur sans entraves linguistiques ni culturelles. Son caractère universel en fait un art de communion fraternelle, un langage planétaire qui permet de ressentir joies et peine.

Bande-son du film de notre vie, elle nous accompagne dans tous ses moments, légers, graves ou heureux de notre existence. Elle adoucit, apaise, émeut, motive, exprime fougue, colère, amour ou gravité puisqu’elle est de tous les registres et atteint au sublime avec Mozart.