Au temps pour moi !

Toute personne investie d’autorité peut être encline à utiliser cette locution lorsqu’elle commet une erreur à rayonnement collectif; la tonalité généralement attachée à sa formulation exprime une impression de bévue, spontanément reconnue pour en endiguer immédiatement les effets, avec humilité et sens de l’autodérision. Si l’expression est usuelle, en revanche sa graphie suscite débat. Les lexicographes lui donnent une origine militaire pour en justifier l’orthographe. En effet le « temps » dont s’agit serait celui du maniement d’armes supposant une succession de gestes et mouvements espacés. La sonorité exprime bien la nature directive et minimaliste du langage visant à l’efficacité comme l’armée les aime (Garde-à-vous ! Repos !...) à l’instar de la formule « Au temps pour les crosses » laquelle enjoint aux soldats de reprendre, lorsque le bruit des crosses n’est pas synchrone.

Toute personne investie d’autorité peut être encline à utiliser cette locution lorsqu’elle commet une erreur à rayonnement collectif; la tonalité généralement attachée à sa formulation exprime une impression de bévue, spontanément reconnue pour en endiguer immédiatement les effets, avec humilité et sens de l’autodérision.
Si l’expression est usuelle, en revanche sa graphie suscite débat. Les lexicographes lui donnent une origine militaire pour en justifier l’orthographe. En effet le « temps » dont s’agit serait celui du maniement d’armes supposant une succession de gestes et mouvements espacés. La sonorité exprime bien la nature directive et minimaliste du langage visant à l’efficacité comme l’armée les aime (Garde-à-vous ! Repos !…) à l’instar de la formule « Au temps pour les crosses » laquelle enjoint aux soldats de reprendre, lorsque le bruit des crosses n’est pas synchrone.
Au demeurant, l’italien connait aussi des expressions proches dont l’écriture est congruente comme Al tempo.
Pourtant cette explication n’est pas partagée par Claude Duneton, écrivain et chroniqueur de la langue française récemment disparu, qui à renfort de comparaisons avec des similitudes anglaises, estimait que cette orthographe était pédantesque, lui préférant celle d’ « autant ».
La tolérance est sans doute de mise dans l’écriture courante mais n’en est pas moins fautive pour l’Académie qui estime que rien ne la justifie.
Le respect qui lui est dû ne doit pas conduire les amoureux de la langue à s’abaisser à cette facilité sans doute née d’une méprise, fût-elle anodine puisque l’adverbe « autant » semble davantage induire une notion de quantité qu’une synchronie défaillante, exigeant de reprendre « au temps » comme le commande le chef d’orchestre à ses musiciens pour les inviter à la reprise d’un mouvement depuis le début.