Grand-père

Joli et émouvant d’entendre ce mot dans la bouche d’un enfant ; écoutez la douceur de sa voix ! Elle exprime respect, amour et confiance en un homme, dont la seule présence suffit à apaiser ses doutes, peurs ou inquiétudes.

Le mot signifie aussi un temps suffisamment écoulé pour qu’un fils devienne père à son tour. Schopenhauer voit dans cette continuité l’œuvre de la « Volonté », cette force primaire vitale irrépressible, qui pousse à persévérer dans son être et assurer la survie de l’espèce. Difficile de récuser sans nuance cette théorie d’un vouloir-vivre, pour le spectateur émerveillé par l’improbable épiphanie d’une fleur sur un lit d’asphalte.

Grand-père est aussi un statut, qui avec un art tout hugolien, laisse fleurir une complicité souriante et tendre avec les enfants de ses enfants, propice à une transmission douce, pédagogique et sachant préserver leur aptitude à l’étonnement et au désir d’apprendre.

Le surnom souvent hypocoristique du Grand-père exprime ce lien privilégié et important qui jette un pont entre générations, le grand-père devenant un point de repère sur l’abscisse du temps. Sa présence aide l’enfant à s’inscrire dans sa généalogie, connaître les racines de l’arbre familial, mesurer le chemin parcouru et se diriger vers un futur qui soit aussi promesse d’avenir.

Lucas, né aux premières lueurs de cet été et venu illuminer la vie de ses parents, me fait cadeau de cette magnifique expérience de pouvoir cheminer avec lui. Qu’il en soit infiniment remercié 🙂

Visuel : Jacques Varoclier