L’écriture littéraire est une projection de la subjectivité, l’emphase d’une « voix » singulière qui a besoin de reconnaissance et de sympathie pour exister. Mais un écrivain sincère doit accepter de n’être que ce qu’il est face à ses lecteurs. Tout désir frénétique de convaincre (de son talent, notamment) risque de se retourner contre lui. La rencontre heureuse avec le lecteur ne tient pas à des recettes de persuasion ; plutôt à une affinité intellectuelle et émotive qui ne se commande pas.
Dans l’écriture, les moyens et la fin se conditionnent mutuellement : style, vision du monde et tempérament sont les aperçus d’une même réalité, celle qui fait l’œuvre et l’écrivain. La magie de la littérature échappe aux procédés de la plaidoirie. L’écrivain n’a rien à prouver, sinon qu’il existe en tant qu’écrivain. Les lecteurs se chargeront du reste.
Georges Picard, essayiste et romancier, est édité aux Éditions Corti.
Derniers ouvrages : Penser comme on veut (2014) et Merci aux ambitieux de s’occuper du monde à ma place (2015).